réformeBeaucoup d’encre a coulé à ce sujet. Les journalistes en ont parlé, les intellectuels se sont empoignés, les chroniqueurs emballés (un article en particulier, pioché au hasard sur internet, m’a vraiment choquée et j’ignore si le tombereau de haine déversé en valait vraiment la chandelle ???) alors, que dire de plus ? Pour, contre ? Je vais sembler timorée, résignée à mon triste sort, identique à celui de tous ces millions de Français condamnés à lire désormais nénufar avec un f.

Diantre et fichtre ! Je pourrais me lever, sortir dans la rue, outrée, avec ma pancarte « Halte aux fautes de goût ! », « Non au nivellement par le bas » ou « Occupez vous de vos o(i)gnons ! » mais enfin, quoi ? Il ne disparaît pas notre bel accent circonflexe ! La langue française ne se meurt pas ! Poignardée au cœur par des académiciens lâches et roublards, même pas fichus d’assumer leur décision… Au contraire ! Elle évolue notre langue, elle vit, elle palpite. Elle agite nos langues et nos palpitants, ceux de nos instituteurs, de nos intellectuels et de nos grands-mères. C’est bon signe, non ? Et tous ces mots qui régulièrement disparaissent de nos dictionnaires ? Qui s’en soucie ? Ha, « baliverner » me manque…

Mon fils écrira donc le mot ile sans chapeau et je continuerai à écrire île avec chapeau (automatisme oblige), et puis il apprendra charriot comme charrette, ognon sans i, pagaille au lieu de pagaïe (vous, vous l’écriviez déjà comme cela ? Vous voyez !) et mettra un bel accent sur asséner tandis que nous autres n’en mettions point… Et l’usage vaincra…

Ce qui nous chagrine finalement, c’est que nous avons passé des heures à les apprendre ces mots étranges, aux règles illogiques et déréglées, qu’on en a perdu des points dans nos dictées, qu’on s’est fait taper sur les doigts (ou tirer les oreilles), disputer, gronder et que nos enfants n’auront pas droit à ce traitement de faveur ! Petits aigris ! Et nos instituteurs auront une petite gymnastique intellectuelle à faire à la rentrée, et les bouquins de l’Éducation Nationale de subir un petit lifting…

Inutile de persiffler donc. Nos belles forêts vont conserver leurs âmes et volleyball s’écrira désormais comme football. Pas de jaloux ! Et les fainéants (fégnants ? Il ne change pas celui-là ? Hé non, puisque l’on dit fainéanter… Logique !) n’ont qu’à lire le rapport complet sur les rectifications orthographiques. Il est court, il est précis et seulement 3 à 4% de notre vocabulaire est concerné. Enfin, il date de 1990… Vous parlez d’une révolution… Bref, à consulter d’urgence (nous avons déjà 26 ans de retard quand même) :
Rapport_de_1990_sur_les_rectifications_orthographiques

Et pour vous y faire, je vous propose des petits exercices d’écriture pour changer votre traintrain quotidien, mettre fin à tout ce blabla et en attendant, m’en vais préparer un croquemonsieur pour mon fiston agrémenté de quelques haricots mangetouts.

Jeu du dictionnaire : médias, piquenique, évènement, critérium, révolver, absout, nénufar (il choque celui-là, hein ? « Les nénufars de Monet ». Allez-y ! Écrivez-le ! Vous avez mal à votre ph ?) et exéma (cz ? cs ? cx ?).

PS : ce sujet est tellement brûlant que j’ai peur d’appuyer sur envoyer… Allez, j’ai le courage de mes opinions, c’est parti ! Bonne lecture !