A ciel ouvert

Tournées vers la lune des colonnes de lumière
inondent les ombres d’un sourire transparent
Les ailes ouvertes il contemple les perles d’hier
mon ange est passé sous les arches du temps

Illuminée par un ciel au toucher de velours
une beauté d’albâtre soudain le fait frémir
un voile de glace efface ses noirs atours
Demain sera pour elle, mon ange est l’avenir

Sur le dallage de marbre se perdent les ombres
se trouvent à nouveau dans un regard plus bleu
Pour un éclat de rire pour un coin de pénombre
Mon ange amoureux s’est noyé dans ses yeux

Cicatrice

je suis un aveugle murmure dans l’océan
une plaie éternelle dévorée par la rouille
je suis une fontaine rougie par l’odeur du sang
une ombre assoiffée de lumière qui s’agenouille

compagne de ma folie, cette saveur de miel
l’absinthe n’a jamais abandonné le poète
du rêve en concentré sucré, un peu de ciel
pour suivre ces hommes cruels au fond de ma tête

Boussole

Quand les brumes s’abattent
Et brouillent mon horizon
Quand la nuit me rend aveugle
Et le silence sourde
Je tends les mains dans le vide
Et au-dessus du précipice
Je n’ai jamais peur
Car déjà j’y suis tombée
Et cent fois tu m’as rattrapée
Pour moi la route est sûre
Depuis que tu l’as croisée
Tu es mon guide, ma boussole
Jamais je ne m’éparpille
Aux quatre vents cardinaux
C’est vers le nord que je vais
Et il n’y fait jamais froid

Et partir

Dans la brume je suis tombée
Plus lourdement qu’une enclume
Je ne me suis plus relevée
Ma tête s’est changée en plume

Mes pensées se sont enfuies
Plus rapides que la brise
Sont allées en Normandie
Puis ont vu la tour de Pise

J’ai tenté de les calmer
Mais n’en faisaient qu’à leur tête
Moi j’étais trop fatiguée
Pour stopper net leurs pirouettes

Suis toujours couchée par terre
Sur le gazon d’une cité
Et mes yeux scotchés en l’air
Ne t’entendent pas crier

Évasion

Marcher, marcher sans s’arrêter
Aller droit devant soi, ne plus rien voir
Parfois, lever les yeux vers le ciel
Se noyer dans son immensité
Oublier pourquoi l’on fuit
Suivre les nuages et s’envoler
A la nuit tombée comme un chat
Se mettre en chasse et courir
Sentir vibrer la vie autour de soi
Et alors s’arrêter
Respirer fort, fermer les yeux
Laisser s’échapper la colère
Ce spleen qui tient au cœur
Alanguit les âmes citadines
S’échapper pour mieux revenir
Accepter la vie comme elle vient
Et sourire enfin

Bribes

Couchée dans la pénombre
Des bribes de souvenirs
Éclatent
Théâtre d’ombre
Dans la nuit d’été
Des odeurs et des visages
Jamais vraiment oubliés
C’est un film muet
Et je suis l’héroïne
Je marche les yeux fermés,
Dans les ruelles bondées, les marchés
Les mains se tendent et touchent
Moi, l’étrangère, l’enfant…
Ailleurs
Assise sous une véranda
J’entends crépiter la mousson
Une odeur de terre envahit l’air
Et je respire un peu de pluie
Ma peau moite retrouve
cette fraîcheur exotique…
Là, le temps s’est arrêté
Et je me souviens tous les jours
Un peu moins bien…

Les amoureux

Sur des épaves ils naviguent
Et parfois la mer les attrape
Fragiles esquifs ils tanguent
Chavirent quand le sort les frappe

Mer d’huile ou terrible tempête
Aux événements il faut tenir tête
A la routine, au chagrin, à la colère
Les amoureux parfois désespèrent

L’amour s’éteint faute de soins
Faute de mains qui frôlent
Et de mots qui caressent
Les promesses d’un lendemain